Comme beaucoup d’autres disciplines, le rugby a été impacté par la pandémie. Plaqués en
pleine course, les amateurs de ballon ovale ont vu les saisons être arrêtées puis annulées. Il n’y a désormais plus de matchs le dimanche, de longs voyages en bus et de troisièmes mi-temps. Cependant, une tradition perdure, celle des mercredis après-midi. Cette journée, historiquement réservée aux petits, réchauffe les cœurs et redonne le sourire quant aux abords de la plupart des stades de la région il est encore possible d’entendre les rires et les cris des enfants.
C’est le cas à Blagnac, dans la banlieue toulousaine, où la vie et le rugby continuent. D’ailleurs, sauf durant le confinement, la pratique et l’engouement pour ce sport ne se sont jamais vraiment arrêtés, la discipline vivant un véritable renouveau. « La covid 19 n’a pas entamé la motivation des petits au contraire les effectifs sont en constante progression », assure Sonny Fablet le responsable de l’école de rugby blagnacaise.
Après la pluie, le soleil
« Entre le récent bouclier de Brennus du Stade Toulousain, les victoires du XV de France et la Coupe du monde 2023 qui arrive à grands pas on ressent vraiment un bel engouement», analyse le dirigeant aux commandes d’une école comprenant 6 catégories allant de 3 à 14 ans pour un total de 150 licenciés. Des chiffres probants qui témoignent de la bonne forme de ce sport profondément ancré dans la culture de l’Occitanie. Avec ses 72 000 licenciés, la 1re Ligue régionale de France ne connait pas vraiment la crise et beaucoup de jeunes passés par les 421 clubs occitans continuent d’alimenter allègrement les équipes phares de la région, tant masculines que féminines. Toutefois, au delà de la performance il est important de rappeler la célèbre citation qui dit « école de rugby, école de la vie ».
« Le 1er objectif est bien sûr de former des joueurs et joueuses en leur apprenant les bases de ce sport et en les préparant au passage en cadet, mais il y a aussi et surtout l’apprentissage d’un certain nombre de valeurs comme l’entraide, le vivre ensemble », énumère Sonny Fablet n’hésitant pas à parler du côté très populaire du rugby où toutes les catégories sociales sont amenées à se côtoyer. «Il y a un vrai brassage social dans les équipes, du moins à Blagnac. C’est le cas grâce à notre travail en partenariat avec l’association Rebonds. Nous avons des enfants venant de tous les horizons qui découvrent le rugby dans leurs écoles et viennent ensuite se lancer en club », évoque le responsable préférant inclure les notions de compétitions plus tard dans l’apprentissage. «Avant le résultat il y a tout un travail de technique et de connaissances des concepts généraux du rugby à opérer qui vont de la sécurité, apprendre à plaquer, apprendre à tomber, bien s’échauffer. Puis vers les – de 14 ans en minimes, la notion d’enjeu fait son entrée », détaille Sonny soucieux malgré tout d’inculquer «l’esprit de compétition et la persévérance nécessaire à la progression ». Un travail de longue haleine mené en partie par une vingtaine d’éducateurs, tous diplômé et formé dont les efforts ont été récompensés dernièrement avec l’obtention du fameux label de la FFR décerné à l’école de rugby de Blagnac.
Jouer à la belle étoile
Lancé en 2006 et redéfini en 2019, le label FFR a pour but de valoriser les clubs à hauteur de leur engagement dans l’accueil des jeunes joueurs, leur formation et le développement de la structure. Ainsi, à l’image du célèbre guide Michelin les écoles de rugby se voient attribuer des étoiles, les notes allant de 3 à 1 étoile. La demande auprès de la Fédération se fait via un dossier à remplir puis les passages d’inspecteurs en charge de la labellisation sont effectués afin de confirmer ou non l’attribution du précieux sésame. «Nous venons tout juste de recevoir notre label», lance avec satisfaction Sonny Fablet qui précise, «C’est le résultat de 2 ans de démarche et de boulot afin de certifier la qualité du travail de notre école de rugby». Formation, enseignement, logistique, budget… Tout est épluché de près dans le but d’être décoré. «Nous avons reçu 1 étoile et l’objectif est maintenant d’atteindre la deuxième d’ici 2 voire 3 ans», planifie le responsable dont la structure fait partie des 159 clubs labellisés en Occitanie cette année. Image de qualité et aide de la fédération d’un point de vue matériel, ce label est un vrai plus ainsi qu’une source de motivation pour les dirigeants qui voient arriver aujourd’hui des enfants de plus en plus jeunes et volontaires pour découvrir le rugby. Les premiers pas sur les terrains pouvant se faire désormais à partir de 3 ans. Passionnés dès le plus jeune âge On dit des Brésiliens qu’ils naissent avec un ballon dans les pieds et des Canadiens qu’ils patinent avant de savoir marcher. Si ces deux pays sont devenus des références sur les terrains de football et de hockey sur glace, c’est surement parce que ces disciplines font partie intégrante de leurs cultures. En rugby, l’exemple se situe plutôt dans le Pacifique avec les petits Néo-Zélandais qui apprennent à manier le ballon ovale aussitôt qu’ils commencent à courir. C’est un peu en se calquant sur ce modèle que le mouvement « baby rugby» est apparu depuis peu dans l’Hexagone. Poussée par la FFR ces dernières années, la pratique du rugby pour des enfants âgés de 3 à 5 ans est maintenant possible. N’est-ce pas trop jeune s’interrogeront certains ? Il suffit alors aux plus sceptiques de constater qu’en France et en Occitanie les sections fleurissent et connaissent un réel succès. Toujours à Blagnac, l’exemple des « Petits Caouecs» illustre parfaitement la tendance. «Ça cartonne ! On a commencé à 10 puis on est monté à 15 et actuellement nous avons 20 enfants», calcule Rémy Orognen éducateur en charge de la toute nouvelle catégorie. « Les séances ont lieu tous les samedis de 10 h 30 à 11 h 15, nous leur faisons faire principalement des jeux, des exercices et activités ludiques afin de travailler l’éveil et la motricité», détaille l’entraineur des rugbymen en herbe. « Slalom, course d’obstacles, maniement du ballon, c’est très varié et nous les accompagnons au maximum pour qu’ils réussissent. Tout ceci crée une bonne ambiance, les enfants adorent et les parents se passent le mot», explique Rémy très heureux de voir les « petits caouecs» s’amuser et rire. «Ils ont toujours la banane ! Tout d’abord un petit rituel pour se saluer en début de séance, puis place aux jeux et enfin comme une vraie équipe, le fameux cri de guerre avant de passer à la distribution des bonbons», raconte-t-il au sujet de matinées qui sont de vraies bouffées d’oxygène pour les amoureux de ballon ovale grands ou petits. Une joyeuse ambiance symbole d’espoir pour tout le rugby qui devrait très prochainement retrouver sa vie d’avant et continuer de briller au niveau régional, national et même international, car la relève semble assurée.
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Maxime Brossard