Richard Mailhé
Président du CROS Occitanie
L’occasion de faire le point sur l’olympiade écoulée.
Quels ont été les grands chantiers que vous avez menés ? C’était une olympiade particulière, puisque consécutive à la fusion des régions Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon, l’équilibre a-t-il été trouvé ?
Effectivement, nous avons dû mettre tout en place, car la fusion des régions nécessitait une harmonisation des politiques entre les deux exrégions; l’une basée sur le développement et les projets au service du mouvement sportif, l’autre sur la représentation politique et la gestion des locaux de Balma. La fusion a été compliquée, sur le plan politique, mais son aboutissement a été une véritable opportunité de déployer des actions à l’échelle de la grande Région, tout en pérennisant les services en lien avec le siège social. Le bilan global est positif, les principaux engagements ont été tenus, la maison des sports a été rénovée et modernisée, et le CROS Occitanie prend toute sa place dans le paysage sportif occitan. Le CROS et les CDOS de L’Occitanie ont signé la même feuille de route d’autant plus facilement que j’avais promis dès l’élection du bureau exécutif, de mettre en place le conseil des présidents afin que les thématiques soient déployées de manière opérationnelle, par le biais d’un plan sport et territoire, qui traduise la vision partagée du CROS et des 13 CDOS, et en tenant compte des spécificités locales.
Sport & Professionnalisation
Une offre de formation régionale, développement de l’apprentissage, interventions au sein des formations professionnelles des ligues et des comités régionaux en lien avec le CFA Sport Occitanie, l’offre de formation du mouvement sportif olympique a pris de l’ampleur sur tout le territoire en proposant des actions innovantes et structurantes au service de ses membres; dans ce cadre, le développement de l’apprentissage, en lien avec le CFASport Occitanie et la mesure 1 jeune, 1 solution du plan de relance gouvernemental, est une solution adaptée aux besoins du territoire. Nous avons continué à renforcer les relations avec les services de l’Éducation Nationale et les collectivités territoriales; animées autour des valeurs du sport et de l’olympisme, les interventions au sein des structures ciblées ont été un levier de création de passerelles entre les jeunes et le tissu associatif. Sur cette olympiade, l’engagement du CROS pour le développement de la pratique féminine et leur accès aux fonctions dirigeantes s’est renforcé par des actions qui ont valorisé le sport féminin : les quatre saisons du sport féminin. Dans ce cadre, nous nous sommes associés à des tables rondes pour renforcer la pratique féminine.
Sport & Santé et bien-être
Dispositif WORK&MOVE à destination des entreprises, accompagnement des projets sport santé du mouvement sportif, formation sur la prise en charge de publics dans un cadre sport-santé, réalisation de fiches pratiques à destination du mouvement sportif
Sport & Politiques Publiques de Haut niveau
Pour la conférence régionale du sport le CROS Occitanie se veut être le chef de file des représentants du mouvement sportif dans les travaux de mise en place, pour assurer la cohérence entre les projets sportifs fédéraux et les orientations stratégiques de la conférence régionale du sport et des conférences des financeurs; le CROS Occitanie devra engager des travaux de concertation et de capitalisation avec ses membres, dès le début du mandat.
Quelles ont été les principales difficultés rencontrées en dehors de la crise sanitaire ?
Dans ce territoire très étendu, on passe de Tarbes, à Rocamadour, du pont du Gard aux Métropoles de Montpellier ou de Toulouse et les sollicitations sont très nombreuses, et je ne peux répondre favorablement à chacune d’elles. Toutefois, j’ai fait le maximum pour assurer ma présence successivement auprès de nos membres durant mon mandat. Pour assurer mon soutien aux Ligues et Comités Régionaux, je n’ai pas hésité à me faire représenter par un membre élu du Bureau Exécutif, du Conseil d’Administration ou par un Président de CDOS présent sur le territoire concerné. L’arrêt du sport amateur et de son économie a influé sur nos activités. Nos partenaires institutionnels et privés ont tout de même participé à nos différentes actions à distance ; notre récompense au niveau national par le CNOSF de notre projet WORK&MOVE labellisé : SENTEZ-VOUS SPORT, démontre l’adaptation que nous avons dû proposer. D’autres difficultés sont apparues, mais essentiellement liées aux ressources perdues dues à la crise sanitaire, donc un autre sujet.
Si vous deviez retenir les actions les plus efficaces de ce mandat ?
Toutes nos actions s’inscrivent également dans la perspective de Paris 2024, pour construire un héritage local lié à l’organisation des JOP 2024. S’appuyer sur les grandes thématiques de notre feuille de route est ce que je retiendrai comme action efficace en déployant une politique de développement au service du mouvement sportif. D’ailleurs cette diversification des activités, des ressources et des publics, en lien avec les attentes de nos membres reste efficace grâce au maillage territorial avec les CDOS ; nous souhaitons donc continuer à nous positionner comme des centres de ressources pour les communes qui auraient besoin d’accompagnement. La labellisation «terre de jeux» pour les communes est essentielle et le CROS continuera à accompagner les collectivités labellisées dans l’animation et l’évolution de leur label, mais aussi à permettre à des collectivités non labellisées de le devenir prochainement.
Comment s’articulent, dans les grandes masses, les ressources du CROS Occitanie ?
Aujourd’hui, et de manière générale, le CROS vit de plusieurs types de ressources : Les fonds propres, constitués des cotisations et des recettes d’activités privées (stages, prestations…) de partenariat, WORK&MOVE un dispositif du CROS Occitanie. Les aides financières extérieures, constituées des subventions : du CNOSF au travers de l’Agence Nationale du Sport, mais aussi de la Région Occitanie dans le cadre de l’aide au mouvement sportif Régional, des financements liés aux appels à projets, à la commande publique et de parrainage (ou sponsoring). La philanthropie, représentée par les dons et mécénats sous différentes formes. L’organisme de formation qui génère également des fonds.
Les récents changements ont-ils un impact sur ce sujet ?
La refonte du système du Sport en France va pousser les clubs et les dirigeants associatifs à faire évoluer le fonctionnement des structures pour répondre aux nouveaux enjeux et aux attentes de la société. Le contexte actuel renforce la nécessité de faire évoluer le modèle économique des clubs, au service du projet associatif et des éventuels emplois de la structure. De nombreux dirigeants ont déjà saisi l’importance de mener ce type de réflexion stratégique avec leurs équipes, mais notre mission, en qualité de tête de réseau du Mouvement sportif, est de renforcer ce message auprès des territoires, pour les former et les accompagner vers une autonomie financière qui leur permettra de faire face à la diminution des aides publiques, des emplois aidés et des changements qui s’opèrent en matière de gouvernance.
Évoquons la crise sanitaire.
Le Sport subit de plein fouet la baisse des moyens des institutions françaises depuis plusieurs années. Je m’étais d’ailleurs exprimé, par communiqué de presse, sur les inquiétudes qui pesaient sur le Mouvement sportif. Le club amateur, maillon principal de la pratique sportive en France, souffre de la situation. Au-delà des difficultés évoquées précédemment, les clubs ont également subi la suppression des emplois aidés. Ce dispositif permettait de professionnaliser leurs activités, leur fonctionnement, leur accueil. C’est donc une fragilisation des clubs qui a été constatée. De plus, les exigences et les compétences pour répondre aux attentes et à l’évolution ne cessent de croître et les dirigeants s’essoufflent. Les clubs professionnels, eux aussi, rencontrent de nombreuses problématiques sur le plan financier. Toutefois, ils bénéficient de ressources liées au sponsoring beaucoup plus importantes que le sport amateur. Cela s’expliquent notamment par des différences structurelles notables : les ressources humaines dédiées à la recherche de financement sont incomparables, les sources de revenus sont diversifiées grâce à leurs moyens (location de salles, d’infrastructures, billetterie…) et de manière globale, l’écosystème économique est plus favorable. (Les clubs professionnels, souvent implantés dans les grandes villes, bénéficient d’un réseau de partenaires institutionnels et privés développé). La baisse des financements publics amène le sport amateur à revoir son modèle économique.
Le « club traditionnel» doit évoluer pour répondre aux attentes de la société. Plusieurs pistes sont à explorer, notamment la diversification de l’offre de pratique, du public visé et le développement de prestations de services, visant à créer de nouvelles sources de revenus. Le financement du sport en France est à un tournant de son histoire. Deux éléments sont à prendre en compte simultanément. D’une part, la dynamique formidable liée à la préparation des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024 à Paris; de l’autre, la réduction budgétaire qui s’impose à l’ensemble des acteurs publics, et dont les effets se font plus que jamais ressentir au sein du tissu associatif sportif. Plusieurs pistes sont à explorer : mobiliser davantage les moyens privés, affecter efficacement l’utilisation des ressources publiques et profiter de la rénovation de la gouvernance du sport pour repenser totalement notre façon de fonctionner et de nous développer. Le Mouvement olympique et sportif se doit d’être vigilant et réactif, pour ne que la promesse d’une union nationale autour des Jeux Olympiques et Paralympiques ne se traduise pas, par une rupture avec le «sport d’en bas»; avec tous ces Français que l’on encourage à pratiquer le sport avec passion et engagement, et qui ne comprendraient pas qu’il y ait des moyens pour financer le sport de haut niveau, mais plus de ressources pour assurer la pérennisation des clubs locaux et la rénovation des infrastructures sportives de proximité.
Rôle du CROS au travers de l’agence Régionale du sport.
Le sport une composante essentielle d’un projet de société. La pratique sportive constitue une activité d’intérêt général et le sport est un bien commun. En effet, le sport est pratiqué régulièrement par 60 % de la population française, près d’un sur quatre est licencié dans un club sportif affilié à l’une des 108 fédérations membres du CNOSF. Il est difficile de quantifier la pratique libre et l’aspect pluridimensionnel du sport (sport loisir, sport amateur, sport de haut niveau, sport professionnel…) doit être conservé. Toutes ces pratiques sont indissociables et interdépendantes parce que leurs finalités sont liées puisqu’il s’agit de développer la pratique pour le plus grand nombre tout en permettant, avec la compétence du Mouvement sportif, l’accession au plus haut niveau de celles et ceux qui en ont le talent et l’envie. Ces sports génèrent par ailleurs des investissements importants d’infrastructures pour les collectivités locales. Les budgets municipaux notamment n’étant pas extensibles, cela peut avoir un impact pour les clubs structurés plus traditionnels. Le sujet des équipements est important et les collectivités, malgré des investissements nombreux en direction des pratiques émergentes, les collectivités ont à cœur de poursuivre leur soutien auprès des clubs plus traditionnels. Le CROS Occitanie doit accompagner les collectivités locales dans la construction de leur politique sportive et les orienter dans leurs choix stratégiques pour concevoir, réaliser ou rénover des équipements sportifs adaptés aux différentes formes de pratiques physiques et sportives et pour tous les publics. Pour réussir cette mutation, les clubs doivent être dans le partage et dans l’échange. Le changement sera réussi si Comité Régional Olympique et Sportif Occitanie chaque maillon de la chaîne se donne les moyens d’agir collectivement. Le projet est ambitieux, mais l’adaptabilité, le savoir faire et la force du réseau du Mouvement sportif peuvent nous permettre de faire des Jeux Olympiques et Paralympiques à Paris en 2024 une formidable opportunité de créer un héritage pour la suite et de renforcer la place du Sport dans la société bien au-delà de cette échéance. Le CROS Occitanie tient tout d’abord à défendre les intérêts du Mouvement sportif dans le cadre de la gouvernance partagée à l’échelon régional. Nous mènerons des projets collaboratifs avec nos membres et les CDOS, pour répondre aux principaux enjeux actuels :
• Favoriser l’accès aux activités physiques et sportives de tous et à
tous les âges de la vie.
• Miser sur le sport pour la jeunesse.
• Soutenir le sport de haut niveau.
• Développer la professionnalisation.
• Valoriser l’apport économique et sociétal du sport.
J’ai cru comprendre qu’il n’y a pas de liste concurrente à la vôtre.
Oui effectivement j’ai pu constituer une liste du bureau exécutif sans liste concurrente qui a été validé par le CA sortant. C’est un bureau renouvelé avec, sur 12 membres, 5 nouveaux entrants qui sont pour la majorité présidents de ligue. Le CA sera ensuite complété par 9 administrateurs complémentaires élus par un scrutin uninominal et dont je connais l’engagement au travers de leur Présidence ou Vice-Présidence de ligue. Le futur conseil d’administration sera composé de 24 membres. Cela est important, car ils vont représenter les 1 400 000 Licenciés de la Région Occitanie et donc l’ensemble des ligues et comités régionaux, des comités départementaux, des clubs de la région Occitanie : le mouvement sportif olympique Régional et départemental représentant l’ensemble du mouvement sportif occitan. Dans le cadre de cette AG élective je dois déposer un projet sportif qui sera présenté à l’ensemble des Présidents de ligue, 10 jours avant l’assemblée générale élective, aussi permettez-moi de ne pas encore dévoiler ce projet à la presse : il sera partagé avec vous dans quelques jours.
Propos recueillis par André Lafenetre