Bonjour à tous les deux, veuillez m’excuser pour l’impolitesse de débuter par une question à Maxime qui rentre, il y a peu de Tokyo et donc des JO. Alors quelle impression vous laisse cette édition Japonaise, tout en comparant avec Rio ou Londres ?
C’était une très belle expérience, mais la grosse différence tient à l’absence de public, c’était un manque bien sûr, la chaleur et la ferveur omniprésente du public de Rio contrastent avec la réserve et surtout l’absence des supporters Japonais. La famille et les amis n’étaient pas là, non plus…
Delphine, vous n’avez pas pu vous rendre à Tokyo ?
Non, c’était quelque peu cruel, car bien organisé depuis un moment, avec la famille, avec notre petite fille. On a essayé de compenser en se levant toutes les nuits vers 2 h pour suivre la compétition de Maxime, mais ses épreuves étaient malheureusement mal diffusées en direct. Heureusement, il y avait le 4e fleurettiste qui filmait et diffusait en direct depuis son téléphone… C’est dommage parce que par ailleurs, il n’y a jamais eu autant de retransmission de la part des médias et particulièrement de France TV.
Vous avez eu la chance d’être sélectionnés tous les deux pour les Jeux Paralympiques de Rio ?
Delphine : Oui, nous étions déjà en couple depuis trois ans et nous visions tous les deux la qualif pour Rio, il fallait que nous y arrivions tous les deux, c’était une angoisse. Là-bas, ce furent de vrais moments de bonheur, bien sûr il y a eu les deux médailles pour Maxime, mais tout était si grand, je vois encore le stade de Maracana, c’était si fou.
Maxime : nous avons un souvenir exceptionnel de cet engouement incroyable. Nous avons d’ailleurs une anecdote. Un soir nous nous sommes échappés du village des sportifs pour aller voir un match de basket féminin, une Toulousaine jouait ce soir-là. À la sortie, nous avons mis plus de deux heures pour faire 100 mètres, tout le monde nous sollicitait pour faire des photos, signer des autographes sur des maillots, des casquettes…
Delphine, vous avez décidé de ne plus concourir à haut niveau pour vous consacrer, à votre petite fille d’abord et à votre métier de diététicienne…
Je suis aujourd’hui effectivement diététicienne nutritionniste installée à Toulouse. En cours de carrière, un bilan de compétences effectué m’a conforté dans mes convictions que je souhaitais me former dans les domaines de la santé et de la nutrition. J’ai donc repris les études, tout en me préparant pour les Jeux de RIO… Le rythme de vie fut particulièrement dense et sans l’adhésion de Maxime au projet je n’aurais pas pu probablement obtenir à ce moment-là les diplômes qui m’ont permis de m’installer. Concilier trois vies, de maman, d’étudiante et de sportive de haut niveau n’a pas été facile, c’était également vrai pour Maxime !
Delphine comment vit-on l’arrêt d’une carrière de haut niveau surtout quand son mari poursuit la sienne ?
J’ai arrêté tout début 2017, la transition s’est vraiment faite en douceur sur le plan sportif. Je ne souhaitais pas évoluer à un niveau inférieur à celui que j’avais atteint, j’ai donc fait mon deuil assez vite de la compétition.
En revanche, la perte de la vie sociale entre amis, athlètes de tous pays, la vie d’athlète, celle des voyages, des stages, est un peu perturbante. Mais je ne regrette en rien mes choix qui me permettent de concilier ma vie de maman, mon métier, d’épouse et supportrice numéro un de la carrière sportive de mon mari.
Maxime, quelle est la vie d’un athlète paralympique notamment sous ses aspects économiques ?
De plus en plus d’athlètes sont totalement professionnels, c’était notamment le cas de tous mes adversaires à Tokyo. Pour ma part, je concilie une carrière de médecin, notamment au CREPS de Toulouse,
mais qui me permet bien sûr de m’entrainer comme un sportif de haut niveau. Cela reste également un équilibre de vie, j’ai la sensation que c’est comme ça qu’on est plus fort, plus fort dans les 3 domaines d’ailleurs, professionnel, familial ou sportif. J’ai la chance, comme ma femme, d’exercer un métier que j’aime, celui de médecin en l’occurrence.
Je bénéficie d’un aménagement de travail, deux demi-journées par semaine me sont libérées pour m’entrainer, mais bon, mon métier me prend quand même près de 40 h par semaine !
J’ai besoin de projets, je suis également engagé auprès de la Fédération de Bowling, auprès du rugby fauteuil… j’ai ce tempérament de vouloir faire plein de choses plaisantes qui me sont proposées.
Maxime, ça fait, si je ne me trompe, 3 médailles de bronze. Donc on change de couleur à Paris ?
C’est l’objectif…
Propos recueillis par André Lafenetre
Delphine Bernard
Diététicienne - Nutritionniste
94 bis avenue des Minimes 31200 Toulouse
Mange mieux, bouge souvent, hydrate-toi,
dors suffisamment, fais en un mode de vie.