Frederic Monin, vous êtes le Directeur du CFA Sport Animation Occitanie, quel parcours vous a mené à ces fonctions ?
Après des études en STAPS à Montpellier, je me suis orienté vers les sports et loisirs de nature, J’ai notamment beaucoup travaillé sur le développement des activités nautiques, durant une quinzaine d’années, pour la ville de Gruissan à l’Office de Tourisme. J’ai, d’autre part, toujours eu un pied dans la formation puisque j’étais formateur de moniteurs, d’entraîneurs, d’arbitres à la Fédération Française de Voile, au-delà de mon engagement fédéral.
Après cette expérience riche à Gruissan, je me suis dirigé vers le secteur privé et j’ai intégré une entreprise d’intérim qui faisait du portage salarial et du recrutement dans les métiers du sport. Dans ce cadre je travaillais étroitement, par exemple, avec le CREPS de Montpellier, notamment à la professionnalisation des moniteurs des sports de nature.
C’est ce qui vous mène au CFA ?
C’est en tout cas des expériences très enrichissantes… qui m’ont permis de me positionner. En effet la Région a demandé au CREPS de créer un CFA régional Languedoc-Roussillon des métiers du sport afin de favoriser le développement de l’apprentissage dans ces secteurs d’activités. C’est ainsi que j’ai été recruté pour en être le chargé de développement.
Au moment de la fusion des régions, de façon très constructive et très collaborative on a décidé d’élargir le périmètre de notre CFA associatif à l’ensemble de la Région Occitanie devenant alors le CFA Sport Animation Occitanie.
Comment est structurée cette école ?
Le CFA n’est pas vraiment une école, il est là pour développer le dispositif de l’apprentissage dans les métiers du sport et de l’animation en conventionnement avec des écoles qui existent déjà et qui souhaitent donc, mettre en place de l’apprentissage dans le cadre de leurs cursus de formations.
On a donc un pilotage à deux têtes, le CFA a la responsabilité de développer, promouvoir, organiser l’apprentissage dans les métiers du sport et de l’animation et il en sous-traite la réalisation des formations à des écoles dument habilitées à le faire, notamment les CREPS de Toulouse et Montpellier, mais aussi n’importe quel autre organisme de formation qui propose des formations dans les secteurs du sport, de l’animation ou du tourisme. Si le siège est situé à Montpellier, on garde une dimension régionale avec une volonté d’assurer un maillage territorial, ainsi on a rapidement conventionné avec des écoles dans tous les départements de la Région Occitanie.
Vous couvrez donc tous les territoires ?
Aujourd’hui nous avons 34 sites de formations qui sont conventionnés et couvrent l’ensemble des métiers du sport, de l’animation et du tourisme. Les écoles avec qui on conventionne s’appellent des UFA , Unités de Formation en Apprentissage, qui ont la responsabilité pédagogique de la formation.
Ainsi plus de 50 diplômes sont proposés aujourd’hui dans ces métiers, ce système ouvre aux financements et aides en faveur du dispositif de l’apprentissage, qui offre pour moi une réelle plus-value de formation et d’entrée dans la vie active. Les jeunes au-delà du fait d’obtenir un diplôme, valorisent une expérience professionnelle significative.
Qui sont les entreprises qui accueillent vos élèves ?
Il y a globalement 2 types d’entreprises, bien sûr le secteur associatif qui représente quand même la majorité des projets, environ 70% des structures relèvent soit du sport soit de l’animation.
La deuxième grande catégorie d’entreprises vient du secteur marchand, des salles de fitness ou de musculation, des campings, des indépendants qui ont par exemple une entreprise de randonnée ou d’escalade, des secteurs qui relèvent plutôt des loisirs ou des activités de pleine nature.
Il y a aujourd’hui toute la dimension touristique du territoire qui vient chercher, former des entraîneurs ou des éducateurs. Le secteur agricole est également un « client » pour l’équitation, ou encore quelques collectivités territoriales qui viennent recruter des apprentis pour leurs services des sports ou leurs activités périscolaires.
Pouvez-vous dimensionner un petit peu l’action du CFA en quelques chiffres ?
C’est un peu plus de 1000 apprentis formés en 2020, nous sommes en cela le 2e CFA de France dans le secteur du sport de l’animation et du tourisme. Nous sommes sur une augmentation des effectifs en apprenti qui est continue depuis 2008, mais qui est très forte depuis 3 ans depuis la fusion, on a près de 40% d’apprentis en plus chaque année depuis 2 ans, donc les chiffres de 2020 sont déjà dépassés en 2021 !
Qu’en est-il de l’insertion des jeunes en sortie de ces formations ?
En face de ces 1000 apprentis, il y a environ 600 employeurs, certains en prenant plusieurs, nous sommes globalement sur un taux d’insertion en emploi de 80% de nos diplômés, ceci bien sûr sur des statuts différents, pas forcément des CDI à temps complet, il y a donc aussi du temps partiel, des CDD saisonniers... Un nombre important de nos apprentis créent également leurs structures et se mettent en statut indépendant.
Il est important de souligner également que nous travaillons beaucoup avec des groupements d’employeurs (notamment le GEPSLM34 et PSA 31) qui mutualisent l’emploi sportif au sein de différents clubs. C’est quelque chose qui se développe beaucoup, ainsi les apprentis sont à la fois au sein de clubs sportifs et dans des municipalités, par exemple sur les temps périscolaires ou de vacances scolaires.
On a environ 15% des apprentis qui sont salariés de groupements d’employeurs, c’est loin d’être négligeable, c’est même une tendance.
Vous êtes donc le 2e CFA de France ?
Le premier étant la Bourgogne, nous avons été longtemps 4e 5e, mais nous avons dépassé PACA Rhône-Alpes et Paris, 3 gros CFA, mais on s’est développé un peu plus vite ces dernières années
Le Premier ministre a annoncé la prolongation des aides à l’embauche d’apprentis au 30 juin 2022, qui réduisent considérablement le coût financer pour les employeurs. C’est bien sûr un élément de dynamique. Autre élément c’est l’élargissement de nos offres de formations sur les thématiques, mais également sur les territoires.
Je vous donne un exemple, on lance un titre de moniteur de padel qui est une activité est très en vogue, une promo à Toulouse et à Montpellier, immédiatement nous aurons 10 à 15 apprentis en partenariat avec l’UFA de la Ligue de tennis, c’était une offre qui n’existait pas l’année dernière par exemple, mécaniquement ce sont des effectifs en plus.
C’est une révolution en matière de formation et d’insertion ?
Il faut bien garder à l’esprit que la loi de 2018 a réformé complètement l’apprentissage et la formation professionnelle, a libéralisé le secteur, c’est-à-dire que n’importe quel organisme de formation peut créer son CFA sans avoir à demander l’autorisation à personne si ce n’est répondre aux obligations légales. Autrefois c’était la région qui pilotait l’offre de formation en apprentissage et qui autorisait une école à ouvrir ou pas son CFA. Aujourd’hui cette libéralisation du secteur fait qu’un certain nombre d’opérateurs, notamment d’opérateurs privés, plutôt positionnés sur tout ce qui relève de la communication, du marketing ont créé leur propre CFA.
La souplesse de votre dispositif permet donc de coller aux besoins du marché ?
Oui c’est notre grande qualité, nous apportons des solutions efficaces aux besoins du marché. L’idée étant d’apporter des réponses adaptées aux besoins identifiés des employeurs (compétences, planning de formation, …) et ainsi proposer des solutions efficaces aux apprentis qui seront les professionnels de demain. Ainsi, au-delà du diplôme obligatoire pour encadrer contre rémunération, nous pouvons enrichir le parcours de formation de compétences complémentaires indispensables pour s’insérer durablement dans l’emploi ou pour créer sa propre entreprise.
Propos recueillis par André Lafenetre
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