Bonjour, Davina, nos derniers échanges s’étaient déroulés pendant la période du COVID et ses obligations de distanciation compliquée pour vos patients, souvent à risques. Vous aviez pourtant déployé des moyens astucieux pour garder le contact et surtout poursuivre votre mission ?
Est-ce que ces outils déployés sont toujours en activité ? Votre activité est-elle revenue à la « normale » ?
La crise sanitaire que nous avons traversé nous a contraints à sortir de nos habitudes, et à trouver de nouvelles façons de fonctionner avec une nouvelle approche sur l’activité physique à visée de santé. Nous avons en réalité intégré la possibilité du présentiel aux fonctionnements créés pendant la pandémie. De ce fait, nous n’avons pas fait un retour à la « normale », mais sommes passés à un fonctionnement 2.0 où la motivation du patient vers une pratique en autonomie a été pleinement renforcée. Une partie des bilans peut se faire en distanciel, l’autre partie si nécessaire peut se faire en présentiel ; des temps d’éducation à la santé de promotion de l’activité physique ou de lutte contre la sédentarité ont été déployés et sont mis en place selon les 2 approches. Nous avons conservé, lors des temps de pratique d’activité physique que les bénéficiaires reçoivent, des programmes d’activité physique afin qu’ils puissent pratiquer de chez eux avec plus de régularité.
Quelles sont les tendances actuelles, notamment concernant la sédentarité dont on parle beaucoup ?
Les recherches scientifiques tendent vers le fait que la sédentarité et l’activité physique sont deux modalités distinctes et complémentaires. En réalité, il faut faire comprendre à chaque personne que nous sommes tous concernés par cette problématique de santé publique. Car en réalité, nous pouvons être sportifs et sédentaires, nous pouvons atteindre les recommandations en activité physiques, mais pour autant pas ceux concernant le comportement sédentaire. Ce qui est le plus édifiant c’est que l’atteinte des recommandations en activité physique ne protège qu’à moitié notre capital santé ; l’autre partie est le temps passé assis (sédentarité) qui ne peut être compensé par une pratique d’activité physique régulière quelle que soit son intensité.
Votre mission consiste, entre autres, à démocratiser le sport et le rendre plus accessible. Comment travaillez-vous ?
Notre mission est de faire comprendre l’intérêt du mouvement et le plaisir de bouger et le sport est un super vecteur pour atteindre cet objectif. Nous travaillons pour que le sport soit accessible à tout type de personnes, quelles que soient ses limitations. Nous intégrons, dans notre fonctionnement, la notion de parcours afin de faire comprendre aux bénéficiaires combien le sport est un outil positif, ludique, vecteur de lien social. Nous accompagnons les structures sportives pour modifier leur regard vers ces publics à besoin spécifique, et au-delà des connaissances physiologiques et biomédicales pour modifier le regard et faciliter l’accessibilité d’un plus grand nombre.
Quelles sont vos perspectives d’avenir ?
L’intégration de l’activité physique dans le parcours de soin du patient reste et restera notre clé de voute et notre raison d’existence associative. Pour ce faire, nous priorisons l’accompagnement des territoires afin de faciliter le lien entre le milieu médical et le milieu sportif, l’objectif n’est pas qu’ils se connaissent, mais que les acteurs de chaque territoire issus de ces deux champs coconstruisent des fonctionnements et des parcours cohérents au service de la population éloignée de la pratique d’activité physique. La formation est un beau levier, dans une démarche de formation continue et au service de l’ensemble des professionnels du sport et du milieu médical. La Maison Sport Santé 31 que nous déployons sur l’ensemble de la Haute-Garonne est un outil parfait pour explorer, expérimenter de nouvelles approches et augmenter nos compétences pour promouvoir notre message en santé.
La démocratisation passe également par la visibilité de vos actions. Comment communiquez-vous et avez-vous des actions événementielles, des exemples ?
La communication n’est pas vraiment notre point fort et nous avons pleinement conscience que nous devons améliorer cet axe qui fait partie de nos priorités de 2023. Mais pour vous donner des exemples, nous travaillons avec une équipe de l’école Toulouse Business School pour créer un plan de communication spécifique pour les insuffisants cardiaques spécifiquement sous l’angle de la lutte contre la sédentarité, dont l’objectif à terme est de dupliquer cette approche selon les publics spécifiques. Nous travaillons également pour être un meilleur relais des messages de santé publique et nous allons être plus présents sur les réseaux sociaux. En termes d’événement, nous soutiendrons une conférence sur la commune de Grenade afin de promouvoir la pratique d’activité physique avec la participation du Dr Gérard (Médecin Gériatre) et de Mr Gauchet (E.APA). Nous soutiendrons les équipes médicales au Marathon de Montauban (25 et 26 mars) et nous participons à des événementiels (CREPS, bus du cœur…).
Qui sont vos relais sur le terrain ?
Sur le terrain nos relais sont multiples ! Notre réseau est composé autant de professionnels de santé que de professionnels du sport, nous répondons à des besoins ou sollicitons les acteurs locaux pour répondre à des commandes de projet. Les collectivités locales sont de très bon relais, car elles ont une vision globale et spécifique par leur connaissance de leur territoire. Ce qui est un excellent levier, à cela se rajoutent toutes les structurations de coordination en santé (DAC, CPTS) qui sont également des leviers d’avenir pour nos fonctionnements.
Sur quel territoire œuvrez-vous ? Comment est maillé le territoire occitan actuellement ?
Dans le domaine du sport santé, le maillage en Occitanie manque en visibilité et en structuration. Les maisons sport santé et la carte sportsantérégion sont des premiers éléments de structuration qui sont aidants et facilitants. Nous encourageons chaque éducateur sportif à se rendre visible sur cette carte et nous travaillons de plus en plus avec les MSS qui sont des acteurs locaux de territoire essentiels dans le domaine du sport santé, mais qui ne couvrent pas l’intégralité de notre région. Par la MSS 31 nous avons intensifié nos actions sur le département avec des relais locaux permettant d’agir à Luchon, Grenade, Toulouse, Gardouch, Colomiers, Salvetat Saint-Gilles et nous sommes en partenariat avec la MSS Respire sur le nord Toulousain. Nous sommes également en soutien en Ariège pour accompagner les professionnels de santé et sommes en lien avec le Gard pour appuyer la mobilisation d’infirmiers qui souhaitent ouvrir et travailler en coordination avec des professionnels de l’APA. Nous accompagnons l’association Rebonds ! afin qu’ils intègrent le champ sanitaire à leur pratique d’insertion sur les QPV de Toulouse, Montpellier, et du Gard… Chaque territoire a sa spécificité et nous nous mettons en œuvre pour y répondre avec nos différents outils.
Un mot spécifiquement sur la Maison Sport Santé initiale à Toulouse, hébergée par la Cap Rempart, place Wilson ?
Effectivement, nous avons la chance d’avoir notre antenne principale intégrée dans un centre de santé au plein cœur de Toulouse et dont les locaux nous sont mis à disposition les lundis fin de journée et les vendredis sur l’ensemble de la journée. Ce lieu nous permet de mettre en place des actions spécifiques pour des petits groupes à besoin spécifique ou pour des bilans individuels de condition physique qui est la première étape pour une reprise d’activité physique en toute sécurité. Nous envisageons un travail renforcé avec l’équipe des professionnels de santé de Cap’Rempart afin de potentialiser nos compétences respectives et d’avoir une offre plus efficace pour les habitants de Toulouse centre.
Quel rôle peuvent jouer les collectivités dans votre développement ?
Les collectivités sont des leviers importants, elles ont la vision globale, mot essentiel dans toute démarche de santé et en même temps spécifique par la connaissance des territoires. Elles sont déjà impliquées dans le domaine du sport et de la culture, elles ont un rôle structurant indiscutable. Elles sont le socle pour faciliter les évolutions et les déploiements et permettre que les acteurs d’un même territoire professionnel de la santé ou du sport s’associent pour la construction d’action commune au service de leurs administrés.
Qui souhaitez-vous interpeller afin de gagner en efficacité et en présence géographique ?
Cela peut paraître prétentieux, voire utopique, mais je dirai… tout le monde ! Nous sommes tous des acteurs pouvant agir sur notre environnement à petite ou grande échelle. Si la notion du sport santé, de l’activité physique à visée de santé et la lutte contre la sédentarité devenaient l’affaire de tous, nous nous rendrions compte qu’avec peu nous pouvons tous être des acteurs en santé.
Comment peut se passer une mise en place de solutions adaptées dans une nouvelle zone géographique ?
Comme toute démarche de projet, la première action est de faire un diagnostic d’affiner le besoin d’identifier les forces vives et les atouts du territoire pour impulser une dynamique. Dans le champ du sport santé, on ne part jamais de zéro, il y a toujours des acteurs, un lieu de pratique, des actions existantes ou passées. Puis, il faut réunir les personnes qui souhaitent s’investir, savoir quelles sont leurs possibilités, quels sont leurs souhaits... À partir de ces deux piliers essentiels, nous apportons notre pierre à l’édifice en donnant la visibilité sur des actions, de l’aide à la recherche de financement, la mise en lien avec des associations en santé, la mise en place de formation spécifique pour assurer une culture commune, la mise à disposition d’outils, dans une démarche de co-construction !
Propos recueillis par André Lafenetre