Entretien avec Geoffroy LACOUR :
BeGenius est un club esport professionnel basé sur Montpellier créé depuis 2012 et qui possède plus de 30 000 fans.
Actif sur de nombreuses scènes esport depuis plusieurs années, beGenius possède une légitimité, un palmarès et une image d’un club professionnel. Les 3 piliers de beGenius aujourd’hui sont :
– Le développement de la formation.
– L’optimisation de la performance.
– L’inclusion sociale.
Bonjour Geoffroy Lacour, présentez-nous beGenius, votre structure ?
beGenius est une enseigne. Nous avons une équipe sportive, mais pas seulement. Nous développons également une start-up avec des activités de consulting, de formation, ou encore dans l’événementiel.
Vous êtes donc une structure sportive professionnelle ?
Il y a une structure en SAS et une association. Nous fonctionnons comme une équipe professionnelle ; nous travaillons avec des sponsors, des encadrants pour nos joueurs… Notre coeur d’activité est la gestion de joueurs professionnels d’eSport. Nous avons des joueurs professionnels engagés dans des compétitions – elles aussi – professionnelles.
Le eSport est en plein développement !
Il bénéficie d’un engouement certain, c’est générationnel et le potentiel de développement est énorme.
Ce marché a ses codes. Ainsi, nous sommes démarchés par les collectivités pour organiser des événements esports. Nous travaillons prioritairement avec la région Occitanie, avec la métropole de Montpellier, la ville de Carcassonne…
Plus récemment, nous avons réalisé un événement en ligne pour la Mission Locale des Jeunes des Pyrénées-Orientales, un tournoi Rocket League, ainsi qu’un tournoi sur le jeu Fortnite qui a eu un grand succès dans lequel nous avons reproduit la cité de Carcassonne dans le jeu.
Nous avons de multiples facettes et casquettes, et cela nous permet de switcher d’un volet plus événementiel à un volet consulting très facilement.
Vous avez donc des entreprises impliquées à vos côtés ?
Bien sûr ! Il y a la Banque Populaire du Sud, Midi Libre ou encore Hummel qui est notre équipementier, le Montpellier Hérault Sport Club, le club de football de Montpellier, ou encore le Champagne Basket, club de basket de Betclic Elite – qui nous accompagne uniquement sur notre section NBA2K qui est une simulation de basketball éditée par 2K Games et développée par Visual Concepts. Le jeu permet une réelle immersion complète au sein de la NBA.
Êtes-vous engagés sur plusieurs jeux ?
Nous avons des équipes sur 7 jeux différents pour le moment et nous allons annoncer notre arrivée sur deux nouveaux jeux dans les prochaines semaines.
Certains partenaires vont également plus loin dans la collaboration et nous accompagnent dans l’encadrement de ces équipes ; c’est le cas de Champagne Basket pour notre section NBA2K, et du Montpellier HSC pour notre section FIFA.
Le esport a également une image plus négative, associée à l’abus d’écrans ou la sédentarité des jeunes joueurs ?
Je vous adresse une plaquette qui présente quelques chiffres explicites afin de casser cette image. En réalité, un grand nombre de joueurs sont des fans de sport et sont également des sportifs, ou pratiquent une activité physique régulière ; ces préjugés sont infondés pour la plupart d’entre eux.
Il y a également un point important à prendre en compte, c’est l’effort mental intense d’un joueur d’esport : si vous venez dans une compétition, vous vous rendrez compte à quel point les joueurs sont épuisés à l’issue d’un match ou d’une journée de tournoi.
Moi, peu informé, j’ai du mal à comprendre comment est structuré le esport. Il y a donc différents jeux ou sports, des associations, des entreprises, des marques connues, une fédération… ?
Derrière chaque esport, il y a un éditeur, c’est-à-dire une société qui va avoir des intérêtsprivés, ce qui veut dire que si l’Etat accompagne le développement esportif d’un jeu plus qu’un autre par exemple, c’est contraire aux mentalités voire au droit. C’est la raisonprincipale pour laquelle l’esport a du mal à se structurer. Il existe une fédération, nommée France Esports, mais qui peine à avoir des adhérents et qui n’est pas délégataire de service public.
Un club aujourd’hui n’a pas besoin du format de licences que l’on peut connaître dans des clubs de handball, de volley… le lien avec la fédération n’existe pas.
D’où les deux types de structures, l’une associative et l’autre en SAS ?
Exactement, nous sommes en société et nous payons nos joueurs comme des salariés. C’est le modèle que nous avons choisi avec nos experts juridiques, qui nous permet de gérer les joueurs professionnels, d’organiser des événements, de faire du consulting… cette structure va passer une convention de formation avec une association qui est notre centre de formation.
Les joueurs sont donc professionnels ?
Lorsqu’ils sont dans notre centre de formation, les joueurs ne sont pas rémunérés mais le seront s’ils sont performants et qu’ils arrivent à obtenir leur place dans le club professionnel.
Esport est un terme générique puisqu’il y a différents jeux comme il y a différentes disciplines sportives. Il y a du football bien sûr, mais également beaucoup d’autres esports : du basketball, de la voile… ou d’autres qui sortent du circuit classique du sport traditionnel virtuel, comme League of Legends, Fortnite, ou Counter-Strike.
Chaque esport aura son économie et un poids de masse salariale différent. Un joueur dans une “petite” équipe peut toucher 1000 ou 2 000 € par mois, mais dans l’élite le salaire peut monter jusqu’à 25 000€ par mois.
Ce sont des chiffres importants qui ne cessent de croître.
Quel est le chiffre d’affaires de votre équipe ?
Il était de 130 000 € l’an dernier, et il sera au moins de 200 000 € cette année ! Nous sommes en pleine expansion : j’étais le seul salarié plein temps il y a peu. Aujourd’hui, nous sommes 6 et bientôt 7.
Par ailleurs, nous sommes en train de déménager dans de nouveaux locaux d’environ 200 m² qui vont nous permettre de poursuivre le développement du club sur de bonnes bases.
Propos recueillis par André Lafenetre