C’est bien la volonté d’Enzo Martinez, jeune joueur de E-sport , qui dans son association Me-sports, propose d’alterner e-sport et activité sportive .
Nous l’avons rencontré.
Enzo, vous êtes joueur de e-sport. Très jeune, vous avez pourtant une approche très mature de la discipline ?
E-Sport c’est électronique-sport et tous les clichés des jeunes accros aux écrans ne sont pas galvaudés ! C’est la raison pour laquelle j’ai souhaité avoir une réflexion sur ce sujet.
Je suis moi-même joueur, j’ai 18 ans et j’ai vécu toutes ces étapes, j’ai décidé de ne plus subir, mais d’être acteur de mon sport/passion et de ma vie.
Merci de vous présenter à nos lecteurs…
Je suis d’Albi et en première année de BTS NDRC, Négociation et Digitalisation de la Relation Client, que j’effectue en alternance au sein du Groupe Alternance Albi et de mon association Me-sports qui organise des tournois, des stages et différents événementiels dans le domaine du e-sport.
Vous êtes donc joueur, dans quels jeux évoluez-vous et à quel niveau ?
Pour ma part, je privilégie FIFA le célèbre jeu de football d’EA Sports ; Rainbow Six un jeu de tir tactique où le joueur incarne différents agents de plusieurs unités de forces spéciales et de groupes d’interventions qui constituent l’équipe Rainbow ; ou encore Halo Jeu de stratégie guerrière.
Il y a plusieurs compétitions individuelles ou en multijoueur, en équipe donc. J’évolue en division 1 c’est-à-dire juste en dessous de l’élite.
Bravo pour la performance ! On associe toutefois cette pratique à une addiction ?
C’est vrai et à juste raison ! La psychologie des jeux est faite pour que vous ne vous arrêtiez pas ; il y a toujours une récompense à aller chercher, un bonus, un record… C’est, bien sûr, étudié pour que vous ne le quittiez pas. Notre génération, ou en tout cas ceux de notre génération qui sont addicts, peuvent passer beaucoup de temps sur les jeux et plus généralement devant les écrans. Pour ma part, il n’était pas rare que je passe 12 heures sur les écrans, dont 3 heures à jouer.
Combien de temps dure une partie ou un match ?
Cela dépend des jeux, sur Rainbow 6 c’est environ 1 heure, sur FIFA plutôt 15 min, mais cela dépend également du type de jeu, individuel ou collectif.
J’imagine que vous avez votre langage avec ses termes propres ?
Oui, il y a de nombreux termes typiques comme dans toute communauté, beaucoup sont issus de l’anglais : à commencer par gamer ou joueur, game sens pour l’intelligence de jeu, stairs, pré shoot, pré fire… et de nombreux autres.
L'E-sport est une discipline jeune, mais les enjeux économiques semblent colossaux !
Les enjeux sont énormes, pour autant la pratique est effectivement jeune et l’organisation pas encore stabilisée.
Aujourd’hui, ceux qui font les jeux et les consoles monopolisent l’économie du marché. Les enjeux sont très importants : pour jouer il faut une console (300 €) un écran ou TV, des accessoires dont les caractéristiques peuvent faire s’envoler les prix, un lieu, un poste de jeu… et puis les abonnements aux jeux (de quelques euros à dizaines d’euros par mois) qui , multipliés par le nombre de joueurs explosant au niveau mondial… et récurrent, constituent des sommes très importantes qui donnent une puissance grandissante à ces pratiques.
De plus en plus de clubs se structurent s’affilient aux marques, mais également à des fédérations sportives qui souhaitent structurer, licencier (200 à 250 €/an) et profiter des pratiques. Le modèle est en évolution…
Pensez-vous que le jeu vidéo isole les joueurs ?
Oui et non. Tout dépend de quel isolement on parle. Physiquement un peu. Cependant, maintenant il y a de plus en plus de clubs où l’on peut se retrouver pour jouer. Mais il est clair que beaucoup de relations restent à distance ; je ne dis pas virtuelles parce que l’on peut créer de vraies relations. Pour ma part, ces dernières années, je me suis fait des amis avec qui j’échange et je parle beaucoup, comme des copains de classe… la différence c’est que cela reste à distance.
Tu joues avec des gens, même si cela reste virtuel, le risque est de penser que rien n’a de conséquences, mais c’est comme dans la vraie vie… Dans notre groupe, nous avons mis en place des règles de respect… Nous passons de vrais bons moments.
Au-delà de l’isolement, il y a également la problématique de la sédentarité induite par le jeu ou les écrans…
C’est exact. C’est quelque chose que j’ai compris avec le temps, c’est une vraie conséquence désastreuse pour les addicts. Ainsi, je prône une approche différente qui alterne jeu vidéo et exercices physiques et je souhaite créer une école e-sport qui respecte cet équilibre !
C’est mon projet à venir, créer une école à l’image d’une école de rugby par exemple avec de la prévention, un programme adapté qui alterne e-sport et sport, autant pour se perfectionner sur les jeux choisis, mais également pour apprendre à encadrer les pratiques. Cela a été pour moi une vraie prise de conscience : j’ai mis en place un équilibre grâce à la pratique d’un sport. La combinaison des deux est aujourd’hui une réelle prise de confiance qui me permet aujourd’hui d’envisager un projet économique autour de mes passions.
On parle de sport santé, je souhaite que l’on parle de e-sport santé dans les mêmes termes et avec les mêmes bienfaits.
J’ai lancé ce projet sous un format associatif, mais je souhaite évoluer à l’avenir vers un statut d’entreprise.
Propos recueillis par André Lafenetre