Monsieur Darrées, pouvez-vous nous résumer votre parcours avant cet engagement ? Gersois d’origine, j’ai eu une enfance et un parcours scolaire classique. Malheureusement, un accident de voiture allait changer ma vie et me contraindre au fauteuil. J’ai alors repris des études, à Tampa University aux USA.
Puis, de retour en France, avec un cousin nous reprenons une entreprise de bois. En même temps, je découvre le monde coopératif et entre au Conseil d’Administration du Crédit Mutuel. Autour des années 2005, je rejoins Saint-Gaudens où mes parents résident et crée une association de réinsertion par l’Art.
Et votre parcours dans le sport ?
Le sport était jusque-là une passion, je pratiquais le ski, la plongée sous- marine, l’aviation et la « pêche sportive dite au gros ». Dans les années 2000, résident aux Antilles j’ai été président de la section handicap de la FF de Pêche en Mer. J’ai fait évoluer les statuts pour permettre aux personnes en situation de handicap de participer aux compétitions suivant en cela l’International Game Fishing Association (IGFA). Ces 5 dernières années, je me suis impliqué au sein du Comité Régional Handisport en parallèle de la présidence d’une importante association toulousaine œuvrant dans la réinsertion par la formation des accidentés de la vie (CRIC association). Fin 2020, le Président Jubin m’a sollicité pour lui succéder au sein du CRHO. Cette acceptation m’a demandé de ne pas renouveler mon engagement au sein du CRIC, restant simple administrateur. Ayant côtoyé le Président Jubin en tant que Secrétaire Général durant 3 ans, j’ai compris que cette fonction ne pouvait être que pleine et entière, car le monde du handisport est en pleine transition et refondation.
La présidence d’un comité régional nécessite beaucoup d’investissement, quels sont vos objectifs ?
La création du CPSF (Comité Paralympique et Sportif Français). Dans les années 1990, le départ du mouvement ; en 2017 de nombreuses disciplines : canoë, équitation, judo, karaté, rugby à XIII, tennis, triathlon et… j’en oublie ! car elles furent 13. Ce succès nous oblige à redéfinir nos missions. Pour ce faire, un Plan Stratégique est en cours de réalisation. Nous aborderons en juillet sa déclinaison dans les départements et les clubs. L’objectif est fin octobre… nous pourrons alors vous en reparler. L’Occitanie a la chance d’être une Région impliquée et actrice de ses évolutions. L’État, en vue de 2024, accompagne une remise à niveau de nos sites d’entraînements de haut niveau. Nous nous devons, à notre échelle, d’inciter la pratique d’activité à toutes personnes en situation de handicap ; nous nous devons de l’organiser. Ainsi la réflexion vers les sports de Nature et le sport santé – sur ordonnance dirait certains – répondant aux besoins des seniors. La crise sanitaire que nous venons de vivre a démontré que la phrase de Juvénal : « Mens sana in corpore sano » était une réponse et une défense naturelle à toutes formes d’agression, fût-elle virale !
Un mot sur votre équipe en région, élus et permanents ?
L’Occitanie a la chance d’avoir une équipe salariée, une équipe d’élus d’excellente qualité. Ce travail est le résultat d’une fusion réussie entre les 2 anciennes régions, et d’un management du Président Jubin ayant favorisé la confiance et l’échange. Pour être encore plus en accord avec le « terrain », nous avons choisi de diviser le territoire en 5 délégations rattachées à la Présidence et au Bureau. Cela permet plus de réactivité et favorise les retours d’informations du terrain des départements et des clubs.
Quelles sont les idées maîtresses de votre mandat, pour lesquelles vous avez été élu ?
Autonomie et responsabilité ! Ce qui peut être fait dans les clubs et sections doit être favorisé. On ne remonte dans l’échelon départemental qu’en cas de besoin ; idem pour l’échelon régional. Toutefois, pour l’homogénéité du mouvement, la Région doit être l’auditeur permanent, favorisant aide, fléchage, transversalité et formation. La formation est un autre domaine d’excellence. Ainsi, nous venons d’être labellisés « Qualiopi multisite » (Balma – Montpellier). Notre objectif est de devenir le référent handicap et, au-delà, rappeler que promouvoir le sport a tout son sens ; même les entreprises, les collectivités ainsi que les fédérations homologues peuvent y trouver un gain d’image.
Au lendemain, nous l’espérons tous, de cette crise sanitaire, comment se porte l’handisport ?
Les difficultés sont source d’imagination. La découverte de l’opérationnalité des moyens de communication aura permis de maintenir un lien, mais aussi la création d’innovation (cours en ligne, formation en distanciel, retour d’expérience à distance, etc.) en utilisant des outils collaboratifs. N’oublions pas que l’Occitanie c’est : 13 départements (de Pont-Saint-Esprit à Lourdes, de Gourdon à Lamanère), Montpellier, Balma (notre siège social dans les locaux du CROS Occitanie), 200 clubs.
Les mesures de soutien (Fonds de relance, DVT, etc.) aux clubs, départements, régions sont là pour consolider la reprise actuelle. Nous sommes confiants en nos bénévoles, clubs, comités et salariés, notre fédération a mobilisé l’intégralité du « Plan de relance » du Gouvernement.
Le CRHO est prêt à cet accompagnement et sait déjà y répondre.
Tokyo se profile à grands pas. Quels sont les objectifs de votre comité et surtout de vos sportifs ?
Nous avons craint une annulation, ou un autre retard. Nous avons craint que nos sportifs s’épuisent dans des répétitions sans fin. Finalement ils sont là toujours plus nombreux (4 en 2016, 7 peut-être 9 en 2021). Premier défi réussi ! Pour les médailles : 1 en 2016, nous visons 3 et, pourquoi pas, plus en 2021.
Et puis nous enchaînerons avec Paris 2024, quels sont les enjeux pour l’handisport régional ?
Avant 2024, il y a les Deaflympics 2022, à Caxias do Sul Brazil (Brésil), initialement prévus en décembre 2021. Nos sœurs et frères sourds se préparent.
Paris 2024 est un objectif remarquable, car nous accueillons nos amis du Monde entier. Ce sera peut-être l’occasion d’uniformiser nos pratiques en incluant les Sourds… c’est en discussion ! 2024, c’est l’occasion pour notre région d’une remise à niveau des équipements et lieux de pratiques. 620 Centres de Préparation aux Jeux en France, déclinés en
43 pour l’Occitanie dont 25 correspondants aux critères paralympiques. Cet ancrage est la récompense du travail des clubs, comités et salariés. Il y aura également la réhabilitation de Font-Romeu en pôle d’excellence de haut niveau voulu par l’État et la Région.
Nos ambitions sont très hautes. Une première mise en jambe sera les JRAH (Jeux Régionaux de l’Avenir Handisport) à Lunel. Parmi ces jeunes, peut-être aurons-nous les champions de demain et même de Paris 2024 ?! Le CRHO va donc développer des rencontres sportives que nous essaierons d’ouvrir à nos voisins hispaniques. Les « Opens » sont une réponse.
Sur quelles retombées comptez-vous travailler ?
Au-delà de la haute performance, ce doit s’être un coefficient multiplicateur pour développer et augmenter le nombre de licenciés. Ouvrir de nouveaux espaces de pratiques en collaboration avec les territoires de notre Région. Si, les deaflympics sont intégrés, la formation, qui est un de nos axes de développement régional, prendra toute sa force pour faciliter l’intégration des sportifs sourds…
Propos recueillis par André Lafenetre
Contact : http://www.handisportoccitanie.org