Hervé Martin, merci de vous présenter en quelques mots à nos lecteurs… Natif de Montpellier, depuis une vingtaine d’années, je suis enseignant en collège, à Montpellier, dans une SEGPA (Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté) c’est de l’enseignement spécialisé pour des élèves en difficulté.
Je suis adjoint à la ville sportive, c’est la nomination qu’a souhaitée le Maire.
Le sport avant d’être une « fonction » est une passion, je crois ?
Passionné de sport, j’ai débuté au rugby, au Montpellier Université Club, club historique dont on vient de fêter les 100 ans. Je suis également passionné par les sports de montagne de façon générale randonnée, ski et même alpinisme, on a quand même la chance d’avoir au nord de Montpellier dans l’arrière-pays, une grande richesse en falaises praticables toute l’année.
Que représente le sport à Montpellier ?
Montpellier a une image de ville sportive. À cela deux raisons : la première, ce sont nos clubs de haut niveau qui la créent, ce dans différents sports, football, rugby, volley, le handball qui a très nombreux titres nationaux, le basket féminin également ou encore le waterpolo…
La deuxième est liée au fait que Montpellier compte près de 70 000 étudiants et en conséquence une richesse associative extrêmement importante.
On n’a jamais autant parlé de sport que quand on ne pouvait pas en faire et pourtant ses bienfaits en sont encore démontrés. N’est-il pas temps d’avoir une politique sportive soutenue, d’une culture sportive notamment auprès des plus jeunes ? Quelle va être la vôtre ? Vos objectifs sont-ils modifiés par la crise ?
Modifiés de fait, mais confortés sur plusieurs points.
En effet, lors de la prise de fonction les activités sportives étaient quasiment interdites, les structures sportives fermées ou à fermer, et même les moins sportifs d’entre nous se rendaient compte de l’importance d’avoir une activité physique.
Cette crise confortait nos convictions de développer l’activité physique, à destination des jeunes bien sûr. Au collège, j’ai constaté l’évolution des gabarits des jeunes en 20 ans ... Ce n’est pas possible, il faut lutter contre la sédentarisation. Les quartiers populaires sont à prioriser également ; ils ont encore plus souffert du confinement, car les conséquences sociales et économiques de la crise Covid se font beaucoup plus sentir dans les quartiers populaires et les logements plus exigus.
Le sport pour tous est, plus que jamais, une priorité de la municipalité. On a donc profité de ces temps morts pour rénover, et ainsi multiplier par 3 le budget d’investissement dans nos installations sportives, on injecte en conséquence de l’argent dans le circuit économique. Montpellier en a besoin.
Notre objectif est également d’agir sur le tissu associatif, parce qu’il est en grande difficulté, beaucoup de personnes ne se sont pas encore réinscrites dans leur club de sport, ne sachant pas si elles allaient pouvoir pratiquer. Le budget de subventions de fonctionnement de ces associations a été augmenté, de manière réfléchie et spécifique, en ciblant particulièrement les quartiers populaires d’abord avec une augmentation de l’ordre de 20 %, le handisport et le sport adapté dont j’ai augmenté les subventions de 30 %, et le sport féminin.
Nous avons aussi travaillé, lors du dernier conseil municipal, à créer une enveloppe de 500 000 € pour des subventions d’investissement à destination de nos clubs, pour du matériel, un minibus, des travaux de rénovation de leurs installations, du matériel informatique… nous co-finançons ces achats.
Ajoutés au demi-million que l’on va mettre en œuvre nous, pour des travaux de rénovation, cela fait un total d’un million spécifiquement pour le sport.
Vous parlez plus haut de votre aide au sport et handicap, avez vous d’autres actions spécifiques sur ce sujet ?
Au-delà de l’aide financière spécifique, j’ai demandé à mes services d’identifier quel gymnase nous pourrions rendre totalement adapté aux pratiques « handi » et notamment en optimisant les phases de mise en place souvent longues, au détriment de la pratique. Nous avons deux sites en vue.
Et pour aller plus loin dans votre politique sportive ?
Lors du dernier conseil municipal, on a voté la mise en place, à la rentrée prochaine, d’une commission extramunicipale des sports qu’on a appelée commission « Montpellier sportive », qui sera constituée d’élus au sport, d’acteurs institutionnels et venant de l’UNSS ou des UFR Staps, et bien sûr les représentants des associations sportives. L’objectif sera d’imaginer les pratiques sportives de demain, en faire la prospective. Et cela, je souhaite le faire avec les pratiquants, avec les clubs, avec les associations : comment eux-mêmes envisagent l’évolution de leur propre pratique et ainsi à l’évolution des installations sportives. Il faut profiter du fait que nous avons dans la ville, un tissu sportif dynamique et la matière grise de nos étudiants, Staps par exemple. Je suis élu, je ne peux pas me contenter de faire comme on faisait avant cette crise, ça n’est pas possible ! Je me dois d’impulser la réflexion.
Les sports urbains, les street work out par exemple, les sports de nature, les parcours de jogging, sont une demande forte, en dehors des équipements, comment apporter la sécurité, l’animation, l’encadrement à ceux qui le souhaitent ?
Le 2e sujet prioritaire pour cette commission sera la féminisation du sport.
En France on a, à peu près, autant d’hommes que de femmes qui font du sport, mais beaucoup plus d’hommes sont licenciés. Cela veut dire quoi ? Cela veut dire que les hommes font du sport de façon encadrée avec des éducateurs sportifs, avec des coachs avec des entraîneurs, plus que les femmes, qui le font souvent de manière plus autonome sans encadrement, ou dans des structures payantes. Donc là, la première discrimination, qui est une discrimination de genre, va se doubler d’une discrimination sociale. Comment les associations sportives peuvent-elles être en mesure de mieux accueillir ce public féminin ? Et également quels sont les moyens à apporter aux associations dans cet objectif ?
Et pour ce qui concerne les grands chantiers ?
Parlons du stade de la Mosson à La Paillade. En 2025, sous l’impulsion de Monsieur Nicollin, le MHSC aura son stade à Pérols et le stade actuel accueillera de nouvelles activités et nous en profiterons pour solutionner ses problématiques d’inondations. Nous allons donc ôter deux tribunes pour les raisons techniques et de sécurité et nous réfléchissons au type d’équipement original, au type de sport que nous pourrions accueillir sur ce site, nous souhaitons le faire en concertation avec les « Pailladains ».
Propos recueillis par André Lafenetre
Contact : https://www.montpellier.fr/3813- activites-sportives.htm