Les statistiques officielles de la Fédération Française de Tennis révèlent un taux de fidélisation plus important chez les sportifs qui pratiquent la compétition.
Sur les 600 adhérents que compte le club de tennis de la commune de Saint-Orens de Gameville (TCSO), seul un enfant sur deux et 20 % des adultes jouent en compétition. En effet, le sport loisir explose, notamment chez les adultes, qui viennent pour un cours une fois par semaine. Une pratique hebdomadaire qui ne les incite pas forcément à s’investir à long terme dans le club. Les clubs et les fédérations sont alors confrontés à une problématique : comment faire pour que les joueurs reviennent ? Si c’est la compétition qui fidélise, elle doit s’adapter aux joueurs pour les séduire, sur un format plus convivial autour du sport loisir, gommant les aspects rebutants que l’on connait : participation à un nombre minimum de tournois sur des lieux différents, esprit compétitif exacerbé pour atteindre un bon classement, matchs avec des inconnus, etc.
Le club Saint-Orennais l’a bien compris et organise en son sein des matchs libres entièrement gratuits sur le format d’un tournoi interne. Pas d’arbitre, pas besoin de se déplacer, les adhérents prennent goût à la compétition entre eux lors de matchs plus courts dont le score est transmis à l’enseignant. Tout cela dans une ambiance sympathique, entre sportifs qui se connaissent, avec un repas partagé à la clé. Ils trouvent ainsi leur plaisir en faisant quelques matchs à leur rythme, et ont très vite envie d’y retourner ! Les enfants de l’école de tennis peuvent également prendre part à des matchs libres créés par la fédération. S’ils ont un coefficient inférieur, ces matchs comptent tout de même pour le classement, une manière de se faire une première idée de son niveau.
Le TCSO ne s’arrête pas là, avec une coupe Davis entre toutes les personnes qui prennent des cours, et aussi un week-end d’animation interclubs avec Montpellier. Avant, seuls les joueurs compétitifs y participaient. Maintenant, les joueurs « loisirs » sont également de la partie et demandent à revenir. Le club participe également à une nouvelle compétition 100 % féminine plutôt axée « loisir » : Raquettes FFT. Les filles, finalistes départementales, se sont régalées alors qu’elles débutaient dans le monde compétitif. Le principe : des rencontres sont organisées le samedi après-midi avec les clubs des villes proches pour des participantes de 18 à 50 ans.
Pour qu’un club fidélise ses adhérents, il doit trouver le délicat équilibre entre compétition et loisirs. Afin que chacun y trouve son compte, le maître mot semble être celui de la liberté. Liberté de pratiquer son sport sans trop de pression, tout en se challengeant face à des adversaires à sa hauteur. Et, pourquoi pas, un jour, passer du loisir à la compétition ?
LE SPORT LOISIR AU SERVICE DU SPORT SANTÉ : l’exemple du Roller Skating ST-Orens (RSSO)
Sur le site internet du ministère des Sports et des jeux olympiques et paralympiques, le « sport-santé » est défini comme suit : « pratique d’activités physiques ou sportives qui contribuent au bien-être et à la santé du pratiquant […] : physique, psychologique et sociale ».
Si le Roller skating St-Orens (RSSO) a toujours voulu garder l’image d’un club qui mêle compétition et loisirs, il constate aujourd’hui qu’une majorité des nouvelles inscriptions concernent le loisir, un développement corrélé au sport santé. Le loisir représente aujourd’hui 50 % des effectifs, contre 35 % avant 2020. Le club compte une école de patinage pour apprendre les bases, puis trois sections (randonnée, artistique et roller hockey) et 320 adhérents de 5 à 70 ans.
Pourtant l’an dernier, un grand nombre d’élèves de la section artistique arrivés à un certain âge ont souhaité continuer à pratiquer malgré une incapacité ou une baisse d’intérêt pour la compétition, dont le règlement est très complexe. Côté hockey, une discipline majoritairement compétitive, les seniors ont aussi leur créneau loisir. Ils participent à de petits tournois en dehors du circuit compétitif classique.
Mais c’est surtout sur la section rando, une discipline entièrement consacrée au loisir, que le club voit la différence. En un an, il a vu le nombre d’inscrits passer de 40 à 60, majoritairement des femmes de 13 à 70 ans.
C’est pour beaucoup l’effet covid qui leur a donné le besoin de pratiquer une activité en extérieur ou l’envie d’utiliser un mode de déplacement doux. L’équipe du RSSO constate une envie de loisir, mais aussi de faire du sport pour se maintenir en forme. Le club compte d’ailleurs parmi ses membres un couple de seniors (respectivement 68 et 69 ans) adhérents depuis le début, qui fait de petites compétitions et participe même aux 24 h du Mans début juillet sur une piste de sept kilomètres. Au-delà d’un événement sportif pour défendre l’image du club, il s’agit d’un challenge personnel.
Outre l’organisation de soirées festives roller-danse, le club mise aujourd’hui également sur l’intergénérationnel. Depuis cette année, il propose des cours parents-enfants sur un créneau d’une heure et demi : petits ateliers et parcours pour les parents et les enfants en présence d’un coach. Du fait de son succès, cette activité pourrait passer de trois séances par an à une par mois l’année prochaine. Un créneau sera également mis en place le vendredi pour des entrainements libres permettant aux personnes qui le souhaitent de venir rouler en famille.
Au-delà de l’aspect physique, il y a donc aussi une dimension sociale. L’idée de se retrouver autour d’une pratique sportive, de partager une passion avec d’autres. Le sport n’a pas d’âge, surtout quand c’est un loisir !