Les élections présidentielles approchent à grands pas et le thème de l’éducation revêt une importance particulière alors que les jeunes générations sont particulièrement touchées par la crise sanitaire qui sévit depuis plus de 2 ans.
Un lycéen témoigne.
L’EPS, une matière trop souvent considérée comme mineure
Dans cette perspective, la pratique du sport dans le cadre scolaire présente un fort potentiel par les valeurs qu’elle inculque aux jeunes au-delà de l’aspect physique, primordial pour la santé des élèves. Cependant, l’Éducation Physique et Sportive (EPS) proposée dans le secondaire et notamment au lycée est souvent perçue comme une matière mineure par son caractère non conventionnel (pas de leçon écrite ou d’évaluation théorique). Elle est donc souvent négligée par les élèves qui ne s’y investissent que marginalement. Ainsi, le potentiel important que recèle l’EPS n’est que très peu exploité. En cette période d’élection présidentielle, quelle ligne directrice donner à l’EPS pour lui permettre d’exprimer pleinement son potentiel et ainsi être réellement bénéfique pour les élèves ?
Si elle fût officiellement créée en 1869, la pratique du sport à l’école est réellement mise en place en 1880 sous Jules Ferry et connaît un vrai essor durant la 3e République. Durant cette période de conflits internationaux et d’industrialisation croissante, la condition physique des populations devient un enjeu majeur. On apprend donc aux élèves à nager, courir ou faire du vélo. Mais progressivement, la pratique du sport dans le cadre scolaire change de ligne directrice. En effet, la majorité de la population maîtrise désormais les actions physiques
« primaires » (savoir nager par exemple) et aucun conflit de grande ampleur ne touche la France. Le sport apparaît désormais comme un complément de l’enseignement « classique » apporté par l’éducation nationale. Il peut être caractérisé par le célèbre dicton : « un esprit sain dans un corps sain ».
Un esprit sain dans un corps sain
Aujourd’hui, l’objectif majeur de l’EPS exposé par l’éducation nationale est l’entretien physique ainsi qu’une meilleure connaissance de son corps. L’objectif mis en avant est donc avant tout un objectif de santé. De plus, la pratique de l’EPS a des enjeux plus globaux comme, par exemple, la réduction du surpoids chez les jeunes. Dans une étude de l’obepi-roche publiée en 2021, l’obésité aurait presque doublé en France chez les 18-24 ans entre 2012 et 2020. Au-delà de l’aspect sanitaire qui est absolument primordial, cette hausse du surpoids a un coût financier ; un rapport de l’Union européenne estimant qu’elle est la cause de 7 % des dépenses de santé dans l’UE. Mais la pratique du sport dans le cadre scolaire comporte aussi un enjeu moral chez les élèves. En effet, cette matière promeut des valeurs importantes comme l’équité, le fair-play, l’esprit d’équipe ou le respect des règles ; participant ainsi à la construction du caractère de l’élève. De plus, le cadre informelle dans lequel se déroule la pratique de l’EPS favorise les interactions sociales et donc l’épanouissement de l’élève. L’EPS peut donc être un véritable facteur de réussite scolaire pour les élèves.
Cependant, l’EPS rencontre aujourd’hui un certain nombre de difficultés à exprimer son plein potentiel. En effet, la matière est peu à peu mise de côté pour privilégier les matières plus « classique ». Tout d’abord, les élèves pratiquent 2 heures d’EPS au lycée contre 3 heures au collège, un chiffre faible comparé aux 9 heures de math pratiquées par certains élèves en terminale. De plus, le budget accordé à l’EPS reste faible (environ 1,5 % du budget de l’éducation nationale) et ne permet pas à tous les établissements de se doter d’infrastructures de qualités pour pratiquer l’EPS dans de bonnes conditions. Ainsi, ces problèmes ont pour conséquence de décrédibiliser un peu plus la matière.
Quelle ligne directrice souhaite-t-on donner au sport à l’école ?
Mais ces problèmes d’ordres matériels sont le résultat de la ligne directrice attribuée au sport à l’école, c’est-à-dire, l’identité qu’on souhaite lui donner. On peut en distinguer trois principales. Tout d’abord, il y a l’objectif sanitaire : c’est l’identité de l’EPS en France à l’époque contemporaine. Son objectif global est l’entretien physique. Cependant, cette pratique du sport peut vite lasser les élèves par son objectif relativement limité. La seconde vision du sport scolaire est l’objectif de performance : organiser des compétitions peut permettre de créer un véritable engouement à partir du sport. Cependant, certains élèves qui possèdent des capacités physiques faibles peuvent se retrouver exclus malgré tout leur investissement. Enfin, le sport peut s’inscrire dans un cadre ludique et ainsi permettre à l’élève de prendre du plaisir tout en pratiquant une activité sportive. Néanmoins, il faut faire attention à ne pas encore plus décrédibiliser l’EPS en le représentant tel un simple jeu ou les élèves pourraient ne plus du tout s’investir. L’objectif de la réflexion à mener autour de l’EPS est donc de réussir à trouver un équilibre entre ces 3 principales lignes directrices pour pouvoir offrir à l’élève le plein potentiel de son activité.
Victor Vacarie.